Raphael: de la visite rare

Supervedette populaire qui a délaissé, le temps d’un disque, la pop pour l’électro, le Français Raphaël sera aux FrancoFolies de Montréal dans le cadre d’une minitournée estivale d’une douzaine de dates seulement. De la visite rare, de quelqu’un qui aime aller où on ne l’attend pas.

Il y avait un bon bout de temps que Raphaël n’était pas monté sur scène. Son passage au Club Soda ne sera que la deuxième date de cette courte tournée qui a commencé vendredi au festival Nuits de Fourvière à Lyon.

«Je ne devais pas tourner cette année, mais la scène me manquait et j’ai eu de belles invitations que je ne pouvais pas refuser, explique Raphaël au téléphone. Sauf que je fais une tournée uniquement de festivals, comme les Francos de La Rochelle et de Spa, les Vieilles Charrues en Bretagne, le Paléo en Suisse.»

 

Plusieurs fois pendant l’entrevue, Raphaël s’est dit

«très très heureux»

de venir chanter à Montréal. On ne l’y a vu qu’une seule fois, à La Tulipe à l’époque de Caravane, mais il connaît bien le Québec puisque sa conjointe, la comédienne Mélanie Thierry, tourne depuis plus de six mois avec Denys Arcand – elle tient le rôle principal dans Deux nuits, son prochain film.

«Après mon spectacle, je vais d’ailleurs rester environ deux semaines, puisque je dois être en France seulement autour du 5-6 juillet.»

Mais alors qu’il se produira à l’extérieur devant des foules de plusieurs dizaines de milliers de personnes dans les festivals européens, le Club Soda sera sa seule salle de spectacle «traditionnelle».

«Je crois que vous pourrez profiter davantage de ce qu’on a préparé. Peut-être que lorsqu’on va se présenter devant des foules de 80 000 personnes, les gens vont se dire c’est quoi ce truc… Mais bon, ce ne sera pas la première fois qu’ils se diront ça en me voyant arriver!»

Disque difficile

Raphaël est conscient que son plus récent disque, Super-Welter, qui explore la dissonance sur fond de musique électronique, n’est pas son plus accessible. Manifestement, il a voulu rompre avec son image de chanteur de charme, qui tient dans la fragilité de sa voix et son physique avantageux, mais aussi dans son répertoire mélodique et accrocheur.

«C’est comme au cinéma. On aime bien se faire proposer autre chose que des feel good movies. Je suis très fier de ce disque, même si je sais qu’il est difficile.»

Mais le chanteur de 37 ans assure qu’il n’a pas envie de faire «que des disques comme ça» et reviendra assurément à des «formats plus chanson qui marchent mieux». Et ceux qui n’ont pas aimé Super-Welter – le nom d’une catégorie à la boxe, la sienne, genre poids plume – peuvent venir voir le spectacle quand même, assure-t-il. Car non seulement il a équilibré le choix des chansons entre ses nouvelles et ses plus vieilles, mais il a fabriqué le spectacle pour qu’on ne sente pas la différence entre elles.

«Ce sera un vrai spectacle rock, assez brut. Et sincère. Les synthés de Super-Welter seront intégrés, mais il y aura aussi beaucoup de guitare électrique et d’engagement physique.»

Un spectacle rock, ça va de soi, car c’est par le rock que Raphaël est arrivé à la chanson. La musique anglo-saxonne, dit-il, est «son langage de base».

«C’est ce qui me fascine le plus au monde. J’ai vu Neil Young en concert à Paris récemment. En cinq minutes, j’étais bouleversé. Si je fais de la musique, c’est parce que des mecs comme ça existent. «

Mais si des Neil Young, «ça n’existe pas en français», Raphaël n’a pas l’intention de chanter dans la langue de Springsteen, contrairement à plusieurs de ses compatriotes.

«Les groupes français qui chantent en anglais, ça m’emmerde un peu. Il y en a qui le font bien, mais j’aime bien l’idée, justement, d’essayer de faire du rock en français. Et puis moi, j’aime raconter des histoires.»

Après cette tournée, Raphaël changera encore de direction pour s’éloigner complètement de Super-Welter. Il «prend des notes» depuis quelque temps pour un prochain disque qu’il veut folk et acoustique.

«C’est difficile de faire des chansons simples, mais pas naïves, ni mièvres, ni déjà entendues. Être simple, c’est ce qu’il y a de plus dur au monde.»

 

Raphaël, ce soir à 19h, au Club Soda. En première partie: Elie et Papillon.