RAPHAEL : “J’AIME LES GUEULES DE MECS CASSÉS”

RAPHAeL : CHANTEUR ET BOXEUR

Son corps est plus dense, sa peau, toujours albâtre, et son allure, traînante et un peu je-m’en-foutiste. Raphaël a enlevé son T-shirt noir et gardé la chaîne offerte par sa fiancée. Silencieux. Corps puissant. Son sixième album est aventureux, construit avec un copain dans son appartement, hors circuits classiques. Raphaël est un homme retenu, loin dans son monde, semble-t-il soumis à peu de contraintes. Sa manageuse l’a accompagné pour veiller à son image, quand même. Il a aimé quand on lui a dit qu’il était beau. Pas si imperméable aux crépitements des autres.

Marie Claire : Pourquoi votre disque s’appelle-t-il « Super welter » ?
Raphaël : Parce que c’est mon poids quand je n’ai pas mangé trop de chocolat. Ma catégorie : de 67 à 69 kg.
Marie Claire : Vous faites de la boxe. Pourquoi ?
Raphaël : Pour évacuer mon énervement, mon angoisse. C’est agréable de prendre des coups, d’en donner. C’est un sport de camarades, il n’y a jamais de violence ni de haine. J’aime la gentillesse des boxeurs.
Marie Claire : Vous, vous êtes gentil ?
Raphaël : Hum… je crois. Pas avec tout le monde. Je n’essaie pas d’être le plus sympathique possible au premier abord. Ça ne m’intéresse pas. Aimer tout le monde, c’est n’aimer personne.
Marie Claire : A l’écoute de « Noire sérénade », vous semblez être très inquiet. Vous pouvez partir en vrille ?
Raphaël : Oui. Mais je n’ai jamais été violent avec personne, en dehors d’un ring. Je ne me suis jamais battu dans la rue. Mais je peux être désaxé. C’est un état pas désagréable. Au moins, c’est un état.
Marie Claire : Ça peut aller jusqu’où ?
Raphaël : Pas très loin. Jusqu’à écrire une chanson ou sortir me soûler. Faire du barman mon meilleur copain.

RAPHAEL SE MET A NU

Marie Claire : Quelle a été votre réaction à notre demande de poser torse nu ?
Raphaël : Pas de réaction. Je n’aime pas faire des photos, que ce soit avec un T-shirt ou sans. Ça m’emmerde. C’est pour ça que j’ai fait les photos de mon disque moimême, avec un retardateur, dans mon couloir. Des photos très simples, juste pour avoir ma tête.
Marie Claire : Vous êtes pudique ?
Raphaël : Avec les autres, oui : très pudique. Mais chez moi, pas du tout.
Marie Claire : Le « M », sur votre bras droit, c’est un tatouage ?
Raphaël : Non, c’est une décalcomanie. Mon fils en a fait une, et moi j’en ai fait une. J’ai choisi le « M » pour vous devinez qui (Mélanie Thierry, ndlr).
Marie Claire : La première fois qu’on vous a dit que vous étiez beau ?
Raphaël : Ça fait très longtemps qu’on ne me l’a pas dit. Ça me fait très plaisir. Vous pouvez me le dire encore. Vous pouvez même l’écrire. Plusieurs fois. C’est tellement subjectif. La plupart des mecs qu’on trouve très beaux, je ne les trouve pas beaux. J’aime les gueules de mecs cassés. Les filles, pareil : la beauté des mannequins ne m’a jamais touché.

L’AMOUR ET LES FEMMES

Marie Claire : Quelle femme trouvez-vous belle
Raphaël : Ma femme. Ça tombe bien. J’ai de la chance.
Marie Claire : Un autre exemple ?
Raphaël : Jacqueline Bisset. Un fantasme d’enfance. Enorme fantasme.
Marie Claire : Aimez-vous un genre de femme ?
Raphaël : Je ne les regarde pas trop. Pas dans un mode de séduction. Je regarde les nanas comme si je devais les dessiner.
Marie Claire : Qu’y a-t-il de rédhibitoire ?
Raphaël : La moustache.
Marie Claire : Et qu’est-ce qui vous touche ?
Raphaël : La vulnérabilité.
Marie Claire : Les femmes sont venues à vous ?
Raphaël : Non. Je suis allé les chercher. Mais ça fait plus de dix ans que je suis avec la même femme. J’en ai rencontré très peu, dans ma vie, qui m’ont plu ou attiré. Comme c’est une fois par décennie, j’y vais.

 LA VISION DU COUPLE DE RAPHAEL

Marie Claire : Qu’est-ce qu’un couple ?
Raphaël : Deux personnes liées par la volonté d’être dignes de l’amour qu’ils se portent. La liberté passe par l’amour, et pas par faire ce qu’on veut quand on veut. La seule libération possible est dans l’amour. Ça ne veut pas dire qu’on ne s’engueule pas, qu’on ne se quitte pas, qu’on ne mette pas le feu à la maison.
Marie Claire : La fidélité va-t-elle avec la relation ?
Raphaël : Je suis pour. Totalement pour. Après, quand tu restes longtemps avec quelqu’un, tu ne peux pas en faire le voeu absolu. Tu es obligé de déconner à certains moments, j’imagine. L’idée de l’infidélité ne m’est pas insupportable.
Marie Claire : Il faut la dire, ou ne pas la dire ?
Raphaël : C’est plus élégant de protéger l’autre.
Marie Claire : Et le mariage ?
Raphaël : Aucun intérêt d’introduire l’administration dans sa vie privée. Mais partir se marier au bout du monde, à deux, et se faire tatouer ce jour-là, ce serait super.
Marie Claire : Il est toujours écrit que vos parents sont avocats, comme un vernis social. Vous, que diriez-vous ?
Raphaël : Ils ne sont pas avocats : mon père a arrêté il y a trente ans, et ma mère ne l’a jamais été. Je ne sais pas quoi dire… Je ne peux pas parler d’eux. Et que ma vie reste un mystère pour eux est pour moi très intéressant. J’aime qu’ils n’en aient pas les clés. A 5 ans, j’avais déjà une autonomie par rapport à leur pensée.
Marie Claire : Enfant, c’est rare.
Raphaël : Vous ne connaissez pas mes parents ! A ma place, vous auriez été pareille.
Marie Claire : Qu’est-ce que vous n’aimez pas chez vous ?
Raphaël : Je ne le dirai pas. J’ai assez d’ennemis pour ne pas, en plus, me démolir moimême. Et puis il faut accepter ce qu’on ne peut changer.
Marie Claire : Vous faites attention à votre corps ?
Raphaël : Oui. J’essaie de ne pas prendre 20 kg. Je ne suis jamais devenu énorme. Un jour, j’aimerais bien être énorme. Pour m’abandonner complètement.
Par Marianne Mairesse