Deux stars, deux parcours, mais de nombreux points communs.
> Des racines corses
Gala: Vous êtes tous les deux d’origine corse. Que pensez-vous avoir en commun avec les habitants de l’île?
Bénabar: Il y a beaucoup de clichés sur les Corses. Mais disons qu’on est tous les deux très famille et qu’on a le sang un peu chaud. J’étais un enfant coléreux. Je travaille dessus, mais j’en ai gardé des restes. Il m’arrive de casser des choses sous le coup de la colère. Des portables, une imprimante… Ou ma balance, ce matin, en voyant qu’en faisant du sport et en mangeant des graines j’avais trouvé le moyen de grossir!
Patrick Fiori: J’ai moi aussi le sang chaud. Je peux gueuler assez facilement, mais je ne casse rien!
Gala: Vous êtes néanmoins de nature plutôt discrète…
B: Patrick et moi, on ne cherche pas à attirer l’attention quand on entre dans une pièce. Vraiment pas. Je ne me cache pas derrière des lunettes et un bonnet, mais ça m’embêterait de provoquer des émeutes. Je n’ai jamais été un chanteur à groupies. J’ai sapé toutes mes chances dès le début en chantant Y a une fille qui habite chez moi. (Il rit.) Mais ça me va bien, car c’est le côté de la célébrité que j’aime le moins.
P.F.: Je tiens aussi à ma discrétion, et je protège énormément, voire trop, les gens que j’aime. Vous ne me verrez jamais poser avec ma femme et mon fils (Sevan, quatre ans, ndlr) dans un magazine.
> Ce sont deux grands angoissés
Gala: Vous arrive-t-il encore, à l’un comme à l’autre, d’être paniqué à l’idée de décevoir le public?
B.:Je ne suis pas un grand fan de ce que je fais. Ça me passionne, je le fais du mieux que je peux, je revendique toutes mes chansons, mais je suis assez critique envers mes morceaux. Il y a des moments où je me dis, avant une tournée: «Faut pas que je chante, les gens vont s’embêter, ça va être horrible. Mieux vaut annuler.» Ma grande peur, quand je sors un nouvel album, est que mes chansons ne parlent qu’à moi.
P.F.: Quand je suis en studio, j’ai toujours l’impression d’être le roi du monde, d’avoir révolutionné la musique. Et quand j’en sors je me dis: «Mon Dieu, qu’est-ce que c’est mauvais!» Heureusement, il y a quelques personnes autour de moi qui savent trouver les bons mots dans ces moments-là.
Gala: Et avant de monter sur scène, l’anxiété est aussi forte?
B.: Je suis très angoissé, mais je ne suis pas traqueur. Il n’y a que quand il m’arrive de chanter pour prendre un chèque que je peux avoir le trac, car je ne suis pas très à l’aise avec ce que je fais.
P.F.: Moi je me liquéfie avant un show. Il m’est arrivé de partir en courant et de me faire rattraper par mes régisseurs, c’est véridique. J’ai l’impression de mourir, qu’on est plusieurs dans mon ventre. C’est terrifiant… et ça dure trois chansons. C’est pour ça qu’en principe je démarre mes concerts dans l’obscurité, pour qu’on ne voie pas l’expression de mon visage totalement crispé. Je me demande ce que je fous là tout en essayant de me concentrer sur mes textes, et ça passe généralement à la quatrième chanson.
> De bons pères de famille
Gala: Mariés tous les deux, vous semblez avoir trouvé l’équilibre grâce à votre vie de famille…
B.: J’ai rencontré Stéphanie il y a quinze ans, on s’est mariés il y a trois ans, alors qu’on avait déjà deux enfants (Manolo, 9 ans, et Ludmila, 4 ans). Pour nous c’était plus l’idée d’une validation d’un amour qu’autre chose. Ma femme a beaucoup de recul par rapport à mon métier, j’aimerais bien qu’elle me regarde avec des yeux un peu plus admiratifs parfois d’ailleurs! Je crois qu’elle aime bien mes chansons, elle vient de temps en temps me voir en concert avec les enfants, mais ça ne la fait pas délirer. Ça facilite pas mal les choses finalement, ça me permet de couper quand je rentre à la maison.
P.F.: Ma femme est maman, femme, auteur… et surtout exceptionnelle. Elle écrivait beaucoup avant notre rencontre mais elle n’avait jamais osé se servir de ses textes alors qu’elle a un putain de talent. Du coup elle écrit pour moi maintenant. Je lui dois Perdu connaissance et Je crois me souvenir de toi sur mon précédent album, et Elles se disent et Choisir sur le dernier.
Gala: Vous décrivez l’un et l’autre la paternité comme une petite révolution…
P.F.:J’ai commencé à exister le jour où mon fils est né. Je ne savais pas qu’un tout petit truc comme ça pouvait tout remettre à plat. J’ai trouvé la place du père que je cherchais. Je viens d’une grande famille, faut que ça bouge, qu’il y ait du monde. J’étais prêt depuis longtemps.
B.: Un artiste est forcément un peu égocentrique, avoir un enfant permet aussi de découvrir qu’il y a quelqu’un de plus important que nous sur terre.
> Le sens de la fête et de l’amitié
Gala: À quarante ans passés, vous vous êtes assagis mais n’avez pas abandonné les virées entre potes pour pourtant…
B.: Il faut s’accrocher à ses restes d’adolescence, sinon on devient fou. C’est une sorte de soupape. Ma femme le comprend parfaitement. Je trouve ça même assez sain de pouvoir s’échapper par moment de son rôle de mari et de père de famille, d’avoir des moments pour soi. C’est très utile l’amitié, ça fait un bien fou. Il ne faut surtout pas se priver de ça.
P.F.: L’amitié est un bien aussi précieux que l’amour. Ça fait partie de mon équilibre. J’arrive toujours à trouver du temps pour mes potes, il ne faut pas les abandonner quand on se case. Mon épouse aussi, heureusement, le conçoit parfaitement.
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