l’interview “Silence, je dors”

 

– Vous sortez un CD et DVD live. Sur scène, vous lâchez prise?
(Il baille) A certains moments, j’ai envie de rock’n’roll. D’autres soirs, de silence. Quand je fais trop un truc, je suis attiré par son contraire. (Long silence)
-Vous cultivez l’esprit de contradiction?
Oui. Il suffit qu’on me dise “non” pour que je veuille absolument “oui”. (Il ferme les yeux)
-Je peux vous soumettre quelques paradoxes?
(Sans ouvrir les yeux) Vas-y.
-Vous écrivez très vite et enregistrez longtemps.
(Il s’étire) C’est paradoxal? J’aime la spontanéité dans le texte. Par contre, la musique, c’est expérimental, il faut expliquer à d’autres ce que tu as en tête.
-Imaginaire sombre (Kérouac, Bukowski) et musique lumineuse.
Kérouac n’est pas sombre. Il avait toujours de l’espoir… Et Bukowski, il est plus trash, mais… Change de question, là.
-Références pointues et succès populaire.
La musique n’est pas intellectuelle. Beaucoup d’instrumentistes sont imbuvables, puis quand ils jouent, on découvre une vraie sensibilité et on se dit: “Pourquoi eux?” (exactement) Comme des petits tiroirs qui ne communiquent pas… Non… Oui… (long silence)
-Ma question était plutôt que vous chantez aussi bien à la Fête de l’Huma qu’à la Star Ac, que sur votre CD vous remerciez la styliste Agnès b. et Jean Moulin…
Agnès b., je m’habille chez elle depuis toujours, et Jean Moulin, c’est mon pote.
-Ce n’est pas le résistant?
(panique) Nan. C’est le fils de Mr et Mme Moulin. (la honte de ma vie)
-Visiblement vous n’êtes pas en forme pour les paradoxes! (Silence. Il s’est endormi?) Vous vous définiriez comme un artiste bobo?
(toujours rien. J’appelle les urgences?)
C’est quoi, bobo?
-Bourgeois bohème
Sacha Guitry a dit: “Euh… Il vaut mieux vivre en bourgeois et penser en artiste que l’inverse.”
-Seriez-vous prêt à tout pour vendre encore un million d’albums? Plein d’interviews à l’heure de la sieste?
Je n’ai pas cherché le succès. mes chansons n’étaient pas calibrées pour les radios, il n’y avait pas de refrain. Je n’ai pas une culture underground de la musique. Enfin, si j’écoute des trucs vachement underground mais quand j’étais petit, j’aimais Renaud, Souchon, Téléphone, des artistes grand public. J’aime la puissance d’une chanson populaire. Elle marque son empreinte sur une époque, un moment de la vie des gens. Quand j’entends Marc Lavoine ou Talk Talk, j’arrive en 85 et c’est extrêmement violent. Je m’efface derrière ma chanson. C’est ce qui m’intéresse. C’est ça qui reste.
-Vous faites bien. Bon courage, reposez-vous.
Ouais, merci.

Par Hélène Delforge élisez le mauvais client du mois! – Lou Magazine