Les insomnies du chanteur

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Une chanson traite du temps qui passe et tout le monde souligne que l’artiste trentenaire arrive à la quarantaine.

Ce n’est pas tant que ça. D’ailleurs, je n’ai toujours que trente-neuf, je tiens à le souligner ! Faire un cinquième album n’est pas anonyme. Je ne suis plus un petit gamin. Ce que je ressens n’a rien de douloureux et l’idée de vieillir ne m’ennuie pas du tout.

Le premier titre choisi pour single, «L’Effet Papillon», sonne Bénabar. Les autres vont plus loin !

– Déterminer de tels choix relève d’une démarche particulièrement marketing. On a pensé qu’un truc entraînant demeurait le plus abordable à la première écoute.

Vous avancez mais le son Bénabar demeure !

Merci. L’objectif n’est pas forcément de changer mais d’évoluer. Il ne faut surtout pas qu’on ait l’impression d’un fonds de commerce avec obligation de vendre à tout prix et n’importe comment. Je continue sereinement ma route avec le risque vrai de me remettre en question.

Débuts au cinéma

Avec «Où t’étais passé ?», vous faites vôtre le rythm’n blues !

Aller vers ce style n’était pas le projet au début de l’écriture de la chanson. On a commencé et puis est venu ce son soul de l’homme blanc des années 60 que certains comparent à ce qu’a pu faire Nino Ferrer à ses débuts, du moins dans l’expression musicale. Il y avait le clavier et les cuivres sont intervenus pour ne pas faire «à la manière de…» Sur cet enregistrement, on ne s’est jamais rien interdit. On est allé au bout de réalisations un peu plus ! Je vais vers la pop dans des morceaux comme «Vu sans être vu».

Un titre qui raconte la défenestration d’un désespéré !

Elle m’est venue sur un constat qu’on fait tous sur la solitude dans les grandes villes, l’isolement, le manque de contact entre les individus et le désespoir. Il y a des gens qui sortent contre leur volonté du circuit et ne parviennent jamais malgré leurs efforts à le réintégrer… J’écris plus au premier degré parce que le syndrome de la distance par rapport aux sentiments s’est réduit.

Vous faites vos débuts au cinéma avec Eric Lavaine, un milieu d’où vous venez !

Il fait ses premiers pas de réalisateur. Nous avons travaillé ensemble sur des séries pour Canal, je me chargeais des scénarios. Nous avions le projet secret de faire quelque chose ensemble au cinéma. J’ai un peu participé au scénario.

Il traite d’un milieu que vous connaissez particulièrement, celui de la chanson !

Je répète : «un peu». Je n’ai vu à ce jour que quelques extraits. Les retours sont bons mais je reste réservé sur ma performance… Je ne me suis pas projeté dans le futur mais pourquoi pas récidiver. Tout dépend en fait des projets qu’on vous fait parvenir.

Vous vous situez effectivement dans la variété entre Gainsbourg et Coldplay ?

Je dois être quelque part au milieu de ça. Je le prends comme un compliment. Je traite de sujets quotidiens dans lesquels les gens ne se sentent pas concernés. Je retiens des situations, des attitudes mais n’ai pas une démarche de chroniqueur. L’important n’est pas de savoir ce qu’on raconte mais comment on le fait. Pour moi, rien n’est acquis. Je connais les insomnies du chanteur. Ceux qui fonctionnent autrement sont des crétins !

L’Est Républicain – Jean-Paul GERMONVILLE «Infréquentable