Le chanteur et acteur, qui vit une partie de l’année en Vaucluse, est l’un des membres du jury du concours de courts-métrages “Carpentras fait son cinéma” du 20 au 24 octobre. Premier clap demain soir
Par Virginie Batailler
L’auteur-compositeur interprète, scénariste aussi, et réalisateur de courts-métrages analysera les films en compétition “avec délicatesse”. Photo DR
Le chanteur, comédien, acteur et scénariste, Bénabar (Bruno Nicolini de son vrai nom), qui vit une partie de l’année à Gordes, est l’un des membres du jury de la 2e édition de “Carpentras fait son cinéma”. Le concours de courts-métrages, imaginé par l’ex-journaliste devenu vigneron à Caromb, Patrick Chêne, opposera cinq équipes de tournage. Celui qui a été élevé par un père régisseur de cinéma et une mère libraire, accepte pour la première fois d’être juré d’un festival. Pour La Provence, il se livre en toute simplicité.
Le court-métrage est un format que vous avez maîtrisé à vos débuts. “José-Jeannette” (1992) avait d’ailleurs été primé trois fois. C’est une des raisons pour lesquelles vous avez accepté de faire partie du jury ?
Bénabar : Patrick Chêne me l’avait proposé pour la première édition mais je n’étais pas disponible. Il y a deux mois, j’ai accepté… C’est une fonction qui me met plutôt mal à l’aise. Mais pour ce festival, j’avais bien envie. Il y a un côté affectif pour moi avec le court-métrage. Comme je suis passé par là, j’ai envie de le défendre et de soutenir ces jeunes qui débutent…
Que pensez-vous du concept de ce festival de livrer clefs en main un film en 84 h ?
J’en pense vraiment du bien, celui de revenir à la création plus généralement, notamment dans un monde de communication, d’Instagram, de réseaux sociaux et où c’est plus important d’être bon à la télé plutôt que de faire une bonne chanson ou un bon film. C’est très oppressant… C’est enfin bien de revenir à un truc très terre à terre, qui est la création, et à l’oeuvre, celle qui n’existait pas 84 heures avant. Je trouve cela très enthousiasmant et très excitant comme concept.
Quelle est selon vous la difficulté de réaliser un court-métrage ?
Ce sont les mêmes que celles du long-métrage. Dans tous les cas, ce n’est pas plus facile. Il faut aller droit au but et en même temps arriver à captiver le spectateur en peu de temps.
Justement, pour vous, que faut-il pour qu’il soit réussi ?
C’est d’abord l’histoire. En tant que scénariste de formation, si elle est sans intérêt, le court-métrage ne fonctionne pas. Après, c’est le ton qu’y met le réalisateur qui fera la différence.
Vous vous seriez lancé dans ce type de concours à vos débuts ?
Oui ! Relever un défi comme celui-ci, je trouve cela excitant. Partir d’une page blanche, c’est très joyeux et euphorique. Qui plus est dans une petite ville. Paris, ce n’est pas la France ! On n’est pas obligé de faire toujours des projets dans la capitale et dans le 6e arrondissement… !
Comment considérez-vous votre rôle en tant que membre de jury ?
Je prends cela avec beaucoup d’humilité. Je vois plus ce rôle comme un encouragement. J’ai du mal avec la position de “juge”. On joue avec le travail d’une équipe ; c’est à manipuler avec délicatesse et respect.
Deux ans après la sortie de “Le début de la suite”, le public attend votre 9e album dont on a pu découvrir le single “Tous les divorcés”. Comment appréhendez-vous ce retour ?
Je ne suis jamais tranquille avant la sortie d’un album. Mais je suis satisfait du résultat. On y a mis beaucoup d’énergie. Jusqu’au confinement qui nous a un peu stoppés dans notre élan. J’en ai alors profité pour composer d’autres chansons et les ajouter à l’album.
De quoi souhaitiez-vous parler dans cet album ?
C’est un album de variété au sens littéral du terme avec des chansons rigolotes et des sujets très différents. Je continue à raconter la vie d’un homme hétérosexuel de classe moyenne, âgé de 50 ans ! Des histoires d’adulte et d’ado (mon fils m’a pas mal inspiré !)
Avec la pandémie, les tournées sont reportées ou annulées. Comment vivez-vous tout cela vous qui aimez tant la scène ?
J’essaie de prendre du recul, sereinement. Toutes proportions gardées –car je n’ai pas à me plaindre ; beaucoup dans le milieu et ailleurs vont se retrouver sur le carreau–, ne pas pouvoir monter sur scène, c’est très frustrant pour moi. Du coup, je travaille sur des chansons, des scénarios de films, et je fais beaucoup de sport ! Pour ne jamais être dans la fébrilité.
Vous êtes parrain de la cuvée “Mon amour” du Domaine Chapelle Saint Heyries à Gordes… Oui ! Je la bois, la savoure et j’en parle dès que j’en ai l’occasion. Si on peut aider les camarades… Les viticulteurs souffrent aussi.
Quand la crise sera passée, envisagez-vous de chanter de nouveau aux Soirées d’été de Gordes ?
J’adorerais ! C’est tellement beau comme endroit, même si ce qui compte c’est de jouer partout. C’était justement ce qu’on avait bâti pour ma tournée : s’arrêter dans les petites villes…
Cette interview a été réalisée avant l’annonce du couvre-feu par le président Emmanuel Macron.
Source : Laprovence.com