Benabar se met à nu

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Contre vents et marées, il décide de se jeter à l’eau. D’abandonner son costume de personnage un peu trop lisse pour certains. ­Bruno, comme tous ses amis l’appellent, apparaît en quadragénaire pétri d’inquiétudes que les excès apaisent. Dix ans de scène, une tournée d’un an et demi, trois Victoires de la ­musique et un sixième album, «?Les bénéfices du doute?», ont placé Bénabar dans le Top des chanteurs français à succès. Sans lui donner la grosse tête. Auteur de chansons populaires comme «?Y’a une fille qu’habite chez moi?», l’ancien scénariste décrit en petites notes légères le quotidien. Il se raconte sur le même ton?: avec humour et dérision.

PARIS MATCH. VOUS AVEZ CHOISI LE THÈME DE CES PHOTOS. CONNAISSANT VOTRE RÉSERVE HABITUELLE, QU’EST-CE QUI A MOTIVÉ CETTE DÉCISION??

Le concept de mise à nu m’a tout de suite parlé. Le choix du photographe a fini de me convaincre… Je viens de terminer ma deuxième tournée. J’en suis à mon sixième album. Les gens me disent souvent que mon nom est plus connu que moi, qu’ils ne savent pas trop qui je suis réellement.

CE QUI VEUT DIRE QUE, MALGRÉ VOTRE APPARENCE TIMIDE, VOUS ÊTES FINALEMENT À L’AISE AVEC VOTRE CORPS??

Je n’aurais jamais pu imaginer cette séance il y a encore trois ans. Mais, depuis, j’ai fait du cinéma [le film “Incognito”, d’Eric Lavaine, avec Franck Dubosc] et du théâtre [“Quelqu’un comme vous”, avec Jacques Weber, au théâtre du Rond-Point], deux domaines où le corps devient, comme la voix, un outil. On ne fait plus attention aux petits défauts. Ces -expériences ont complètement décomplexé le garçon très pudique que j’étais. Sans compter que, depuis, je me suis mis au footing?!
“J’AI BEAU M’APPRÊTER À FÊTER MES VINGT ANS DE CARRIÈRE, TOUT EST À RECOMMENCER”

Il y a quatre ans, justement, à l’issue de votre tournée, vous me disiez vivre très mal ces périodes d’“entre-deux”, qui vous plongeaient dans une vraie dépression.

Une tournée, c’est forcément quelque chose de très intime et dévorant qui restera toujours, pour moi, très déstabilisant. Mais, maintenant, je suis plus vigilant?: j’anticipe mon atterrissage, même s’il est toujours très troublant de revenir à la vie civile. La fin d’une tournée marque inévitablement la fin d’un cycle, accompagnée de l’angoisse de ce qu’on va faire après. J’ai beau m’apprêter à fêter mes vingt ans de carrière, tout est à recommencer. L’innocence en moins.

DE QUELLE FAÇON ÊTES-VOUS PARVENU À SURMONTER VOS CRAINTES ??

Disons qu’avec des enfants, vos angoisses se déplacent. Votre petite personne devient moins intéressante. Et puis je suis plus tranquille avec le regard des autres. J’ai compris qu’on ne pouvait pas plaire à tout le monde et je n’essaie plus de me défendre lorsque je me sens attaqué injustement. Je ne tente plus de rétablir toujours la vérité, même en cas de mensonge. En même temps, j’aime la fidélité dans les deux sens. Etre autant là pour ses amis que pour ses ennemis. Je ne suis pas tout à fait certain que la rancune soit vraiment un défaut. Je pense qu’en vouloir aux gens qui vous ont fait du mal est une façon de valoriser ceux qui vous ont fait du bien?! Ce métier est plein de gens qui s’embrassent autant qu’ils se détestent.

Retrouvez l’intégralité de cette interview dans Paris Match en kiosque le 19 septembre 2013.