Cet album comme les autres me ressemble, alors bien sûr, c’est moi, avec mes qualités et mes défauts.
Photo: MLTChanson.
Cercle des nageurs des Catalans, à Marseille, la semaine dernière : engagé volontaire dans un marathon promo en prélude à la sortie de son 5e album, le mal-nommé Infréquentable, successeur attendu d’une Reprise des négociations qui avait atteint la barre très rare des 1,3 million d’exemplaires, Bénabar s’est prêté de bonne grâce au jeu de l’interview pour La Marseillaise.
PRESSION.
« La pression commerciale et médiatique existe, bien sûr, mais ce qui importe le plus, c’est de ne pas décevoir, de continuer à toucher les gens. S’il le faut, ça ne va pas leur plaire… Attention, je ne fais pas ma coquette, je sais à quel point je suis un privilégié, je sais que beaucoup seront de nouveau au rendez-vous pour les concerts, et que je retrouverai la scène et tant pis si ça n’est pas Bercy à chaque fois. Mais je ne veux pas être serein… »
CHANGEMENT.
« Cet album, comme les autres, me ressemble, alors bien sûr, c’est moi, avec mes qualités et mes défauts ; ceux qui ne m’aimaient pas avant ne vont pas tout d’un coup être surpris… Mais il a quand même été, pour la première fois, maquetté à la guitare, de manière naturelle et spontanée, et François Delabrière, qui a travaillé avec Daniel Darc ou Marc Lavoine, l’a entièrement réalisé, alors qu’il n’avait assuré que le mix du précédent. Et puis on a voulu enregistrer les cordes à Londres… Des petites choses comme ça qui font que je crois avoir doucement évolué. »
INFREQUENTABLE ?
« Avec cette chanson, qui a donné son nom à l’album, je n’avais pas envie de “casser mon image” de gars gentil, qui fait de la chanson populaire, je crois que les gens y voient clair dans mon petit jeu… Il fallait trouver un titre un peu percutant, un peu étonnant, et celui-là permettait un peu de prendre du recul par rapport au fait d’être chanteur, une légère autodérision. »
SUR SCENE.
« Je reste avec la même bande de copains, on ajoutera une guitare, même si ça ne sera pas rock pour autant… Et y’aura toujours des cuivres et de l’accordéon, désolé pour ceux qui n’aiment pas… (rires) Pour le reste, tout reste à faire, on a fait des petits schémas dans le train en venant, mais ça reste très flou. De toute façon, on ne va pas imaginer un barnum, des effets spéciaux ; surprendre pour surprendre, c’est pas vraiment mon truc ».
ECRIRE POUR D’AUTRES.
« Je ne suis pas très bon pour cet exercice, et même si je n’ai pas honte de la chanson Les beaux jours reviennent écrite pour Juliette Gréco, je ne sais pas, finalement, si c’était digne d’une telle dame… »
CHAPELLES.
«Dès que je me sens “estampillé”, j’ai tout de suite envie d’aller en sens inverse ! Alors, oui, ça peut énerver certains quand je participe à un projet avec Jenifer, MPokora ou Corneille, ou en désarçonner d’autres quand je travaille avec Bertrand Belin ou Sanseverino, mais je n’ai pas de scrupules ; c’est une connerie absurde de croire que le public ne comprendra pas. Et puis la plupart du temps, c’est dans un but caritatif, et quand on me demande de faire les Enfoirés ou de chanter une chanson pour aider des enfants en Afrique, je n’ai pas ce genre de scrupules. Quand Noah m’invite aux Enfants de la Terre, je ne demande pas qui il y aura… »
POLITIQUE.
« J’ai accepté l’invitation pour le concert de soutien à Ségolène Royal au stade Charléty, et je le referai s’il le fallait, parce que c’était un concert et que je vais au bout de mes opinions ; je trouve ça désespérant d’être dépolitisé. Mais je n’aurais pas eu ma place à un meeting, mon avis reste celui d’un citoyen ; un “avis de chanteur”, ça n’intéresse personne. »
CINEMA.
« J’ai commencé par des scénarios pour la télé et j’ai réalisé plusieurs courts-métrages : le cinéma est évidemment quelque chose que j’adore faire, et même si la chanson a pris une place dominante, j’y reviens… Là, je viens de finir le tournage de Incognito de mon ami Eric Lavaine, avec qui on écrivait les scénarios de H pour Canal+ ; j’y ai le rôle de Luka, un petit chanteur devenu une énorme vedette avec les textes d’un ami que je crois mort. Alors quand ledit ami -Jocelyn Quivrin- revient, je demande à mon pote Franck Dubosc, qui joue un mime un peu ringard, de faire croire que la maison que j’ai est à lui, et qu’il m’héberge… Sur le papier, et d’après les images que j’ai vu, ça a l’air vraiment bien ; après on verra ce que je vaux… »
Propos recueillis par Denis Bonneville