Bénabar optimiste et concerné

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Pourquoi avoir appelé votre CD «Infréquentable» ?

«C’était plus pour le mot qui m’amusait et que je trouvais assez convainquant pour un titre. Il n’y avait pas de grande réflexion derrière tout ça. Je voulais essayer d’avoir quelque chose d’un petit peu décalé.»

Ce n’est donc pas vous qui êtes infréquentable ?

«Pour être franc, je ne crois pas l’être vraiment.»

Jalousie, responsabilité… Les thèmes de vos chansons concernent tout le monde. D’où vous vient l’inspiration ?

«J’essaye d’être attentif, de garder un peu les yeux et les oreilles ouverts. Et puis c’est un peu le principe de l’inspiration, parfois des choses m’ont marqué plus que quelqu’un d’autre et inversement d’ailleurs.»

La plupart de vos chansons n’ont pas de refrain, est-ce un choix ?

«Ce n’est vraiment pas un choix délibéré, ça s’est imposé comme ça. J’essaye d’être assez libre, les seules contraintes que je m’impose c’est la sincérité et essayer de faire des paroles pas trop débiles. Et après je ne me pose aucune autre question, je me laisse vraiment aller.»

«L’Effet papillon» traite des responsabilités globales et individuelles. Vous y citez notamment le Bureau Oval. C’est une façon de s’engager ?

«Je ne me sens pas engagé mais concerné par les événements. Ce qui se passe aux États-Unis a des répercussions sur la planète entière. Mais engagé, je ne pense pas pourvoir prétendre à ça et je n’y tiens pas d’ailleurs.»

En ces temps d’élection présidentielle américaine, vous soutiendriez qui ?

«Évidemment je suis plus démocrate que républicain. Mais j’essaye déjà de rester à ma place en France, alors je ne vais pas emmerder les Américains avec mes opinions. Mais c’est vrai que je souhaiterais que ce soit Obama.»

Si les thèmes de votre disque sont plutôt sombres, l’album est globalement gai, notamment grâce aux musiques.

«C’est vraiment quelque chose que je travaille. J’essaye d’avoir deux angles possibles. Si le thème est un peu triste, j’essaye de décaler un peu la musique pour qu’il ne le soit pas complètement, et inversement. J’essaye d’éviter tout ce qui est trop frontal, entre le rire et les larmes, comme on dit.

Une façon aussi de montrer un certain optimisme ?

«Je suis plutôt très optimiste au quotidien. Je suis très joyeux dans la vie. Et puis ça fait partie des petites responsabilités qu’on a. Même si on aborde des sujets tristes, il faut essayer de ne pas se laisser aller dans le pathos premier degré sans lutter.»

Votre album précédent a rencontré un gros succès. Ce fut un poids pour réaliser celui-ci ?

«Oui et non. J’ai pris le parti de ne pas m’en soucier. Quand on a la chance de vendre beaucoup de disques, il y a plus de monde qui attend. Mais ce n’est pas forcément angoissant, ça fait partie du jeu et de toute façon il faut assumer que ce soient les gens qui tranchent au final.»

Dans «Malgré tout» vous évoquez le fait de laisser une trace. Laquelle aimeriez-vous laisser ?

«Ce serait plutôt une trace familiale ou humaine. Je n’ai pas de souci par rapport à la postérité en tant que chanteur. J’ai envie d’être reconnu de mon vivant.»

Vous serez en tournée l’an prochain. Vous savez déjà à quoi ressembleront vos concerts ?

«On y travaille beaucoup. Ça va être festif. Il y aura beaucoup de musiciens sur scène, des cuivres: ça va être le bordel organisé.»

Ce sera en tout cas pour vous une année chargée, avec la sortie du film «Incognito» dans lequel vous avez joué avec Frank Dubosc.

«Ça a été une super expérience. Ça m’a appris beaucoup de choses et c’est une opportunité géniale d’avoir accès à un rôle important dans un film. Je suis assez excité par le projet parce que les retours jusqu’à maintenant sont plutôt bons. Et j’espère que je serai au niveau du talent de mes camarades.»

Geneviève Pensis