Bénabar: «Mon fils est fier de m’entendre dans Titeuf!»

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Quelqu’un s’installe sur une plage de sable fin. Face à l’océan. Impatient de profiter de ses quelques jours de vacances en solo. C’est là que quelqu’un d’autre vient déplier sa serviette à côté de la sienne et qu’un échange, parfois courtois, souvent corrosif, s’installe entre les deux hommes…

Écrite par Fabrice Roger Lacan – à qui l’on doit déjà “Cravate Club” avec Charles Berling et Edouard Baer et “Irrésistible” avec Virginie Ledoyen – cette pièce, plutôt courte (un peu plus de quatre-vingts minutes!), mise en scène par Isabelle Nanty, doit beaucoup à son duo de comédiens: Jacques Weber et Bénabar. Une association qui ne laisse pas de surprendre et confirme les talents du chanteur français. Un petit coup de fil à Bruno Nicolini, alias Bénabar, s’imposait.

Comment avez-vous atterri dans cette aventure ?
La fautive, c’est Isabelle Nanty. Il faut diriger toutes les plaintes vers elle… (rires) Elle m’a amené cette pièce et ce texte sur un plateau. Elle a su également faire tomber les réticences que j’avais. Je l’admets, j’avais la trouille ! Mais mon agent m’a dit que si je n’acceptais pas cette proposition-là, je ne ferais jamais de théâtre.
De quoi aviez-vous peur ? Musicien ou comédien, vous êtes sur la même scène…
Ce sont deux boulots cousins, c’est vrai: dans les deux cas, il s’agit d’interpréter un texte. Mais dans la musique, on est plus dans l’énergie. C’est physique. Si je me trompe dans un couplet, tout le monde s’en fout. Au théâtre, on ne peut pas lâcher son personnage, on doit respecter les rythmes, ne jamais faire attendre son partenaire. C’est totalement différent!
Comment se sent-on face à ce monstre de Jacques Weber quand on débute sur les planches ?
On est intimidé. Forcément. Parce que Jacques intimide par son expérience, par son talent et par son physique. Mais il ne cultive pas ça. Jamais il ne donne l’impression de vouloir faire de l’ombre. Dès les répétitions, il m’a fait comprendre que nous étions deux partenaires à égalité. Je compare ça un peu à une partie de tennis : si le gars d’en face est plus fort, il va tirer son partenaire vers le haut !
Qu’est-ce qui a été le plus dur, finalement ?
Je n’ai pas tellement de point de comparaison, c’est la première fois que je fais ça. Mais ce qui m’a le plus terrifié, c’est d’apprendre cinquante-six pages de texte par cœur. J’ai déjà tellement de peine à retenir mes propres chansons…
Vous aviez débuté votre carrière en réalisant trois courts-métrages – dont le dernier, «José Jeannette», a été primé au Festival de Cognac en 1992. Considérez-vous cette expérience au théâtre comme un retour aux sources ?
Non. Mon parcours artistique a commencé ainsi. C’est tout. Aujourd’hui, je suis heureux dans ma vie de musicien. Mais le cinéma, l’image, ça a toujours compté pour moi !
Mais, on le voit chaque année avec les Enfoirés, vous aimez jouer la comédie…
Plein de gens me l’ont dit par le passé. On m’encourageait à tenter cette expérience. Après, c’est une question de chance! Il fallait qu’un personnage corresponde à mon âge ou à mon physique. Ce qui est arrivé sur le film d’Eric Davaine Incognito
(ndlr: sorti en 2009).
Pourriez-vous mettre votre carrière de musicien entre parenthèses ? Votre dernier album, «Infréquentable», date déjà de 2008…
Hors de question. Je prépare d’ailleurs un nouveau disque. Je l’ai enregistré avant d’attaquer la pièce de théâtre. Sa sortie est prévue pour la fin de l’année. Pour ce qui est du cinéma ou du théâtre, je suis totalement détendu. D’autant plus que ça ne dépend pas que de moi, mais aussi de l’envie des réalisateurs…
On va aussi parler de vous avec la sortie du dessin animé «Titeuf», puisque vous avez participé à la B.O. du film. Pourquoi avoir accepté ?
C’est Jean-Jacques Goldman qui m’a invité à faire partie de ce truc-là! Pour moi, c’était une chance de chanter avec mes trois maîtres: Francis Cabrel, Alain Souchon et Jean-Jacques. Quant à mon fils – qui a 6 ans et demi, il est super fier d’entendre son papa dans Titeuf.