De quoi vous aviez envie avant de commencer à travailler sur ce nouvel album ?
D’évoluer. C’est un peu large mais c’était mon souci, me remettre en question, avancer, ne pas refaire le même album. Je ne voulais pas m’enfermer dans un truc, la claustrophobie artistique commençait à m’inquiéter. L’album vaut ce qu’il vaut mais moi ça m’a permis d’explorer de nouvelles sonorités. Rien de spectaculaire mais quand même…
Ce questionnement est dû au fait que l’album d’avant a bien marché ?
Il y a eu de ça. C’est sûr que ça rajoute à l’envie de ne pas refaire la même chanson.
C’est un disque qui a été écrit sur la longueur…
Je fais toujours comme ça. Je n’ai jamais réfléchi en termes d’album. Je fais une chanson, quand j’ai fini, je passe à une autre et quand j’en ai dix ou onze, je pense à faire un disque. C’est sur la longueur. Je perdrais tous mes moyens si je savais que dans trois mois, je devais rentrer en studio. C’est bien aussi de ne pas tout écrire au même moment. Si on fait tout en trois mois, on va un peu parler de la même chose. C’est ma grande peur. Là, sur deux ans, il s’est passé différents trucs.
Vous les avez toutes écrites, sauf une (« Pas du tout ») sur laquelle Louis Chédid vous a prêté main forte.
Ca c’est fait comme ça. Au début, c’était une chanson pour Louis Chédid. C’est devenu une chanson pour moi. Ce n’est pas que je n’aime pas travailler avec d’autres gens mais je n’en ressens pas à un énorme besoin à ce stade-ci. Ce n’était ni une volonté de travailler avec quelqu’un, ni une volonté de ne pas travailler avec quelqu’un. Ce n’était pas du tout stratégique. Avec Louis, on est copain. On avait ce projet-là de faire un jour une chanson ensemble donc tant mieux que ca se soit fait.
« Infréquentable » est un album plutôt morose…
Oui, c’est ce qu’on me dit. Sûrement. Je n’ai pas vraiment d’avis, je ne me suis pas rendu compte. Il y a peut-être un truc plus sombre globalement. C’est quelque chose que je comprends, que j’entends. Mais on est toujours la dernière personne a voir l’aspect global d’un album quand on l’a fait, fatalement. C’est difficile d’avoir un avis. Ca ne me suprend pas qu’on me le dise parce que mes albums sont toujours assez tristes au fond…
« Malgré tout » parle de l’envie qu’on se souvienne de nous, de vous, après… Faire de la musique, ça permet aussi de laisser une trace dès maintenant…
Oui, peut-être. Je n’avais pas du tout le sentiment que c’était une chanson sur la postérité mais avec le recul, je me rends compte que c’est bien ça la question. Mais ça partait plutôt d’un truc de contemporain, de génération. Je n’ai pas de problème de postérité en tant que chanteur. Je suis très content d’être connu de mon vivant. Je préfère… Qu’on connaisse mes chansons dans 200 ans, ça ne m’intéresse pas!
Mais quand vous avez commencé la musique, c’était aussi par envie de laisser une trace ?
Pas consciemment. Après ce sont des questions plus profondes, de psychanalyse. C’est sûr qu’on ne fait pas chanteur comme on devient curé. Il y a des raisons précises. On prétend tous qu’on est maître de notre destin mais il y a quand même un soupirail inconscient. Faire un boulot où on est tout seul sur scène à parler devant 7000 personnes, ce n’est pas innoncent.
Une belle tournée s’annonce, à quoi peut-on s’attendre ?
Il va y avoir beaucoup de musiciens comme sur mes tournées d’avant. La même bande d’ailleurs. L’idée c’est de refaire un spectacle joyeux. Je ne sais pas comment on va le faire ni si on va réussir mais le but est de faire du divertissement, un espèce de bordel organisé, de la variété interactive. J’aimerais bien faire un concert d’Elton John qui tourne mal. A l’américaine mais déglingué.
Vous êtes programmé aux Francos et à Couleur Café. Ca vous réjouit de voir que la tournée d’été se profile déjà si bien ?
Carrément. Je me réjouis, et comme je suis ainsi fait, dans la même seconde, ça me fait flipper parce que je me dis « putain, on n’est pas prêt! » Ca me réjouit parce que c’est rassurant de voir que les concerts se présentent bien mais après, à nous d’assurer.
On pourra bientôt vous voir au cinéma, dans Incognito d’Eric Lavaine. Pourquoi ce film-là ?
J’étais à l’origine du projet. Enfin, c’était le réalisateur mais très vite, j’ai participé au scénario. Je connais le réalisateur depuis longtemps et effectivement, il me sentait proche de ce truc-là. C’est un peu opportuniste, j’ai sauté sur l’occasion même si j’ai hésité parce que je n’ai pas envie de me planter.
Vous n’avez pas trop de problème à vous voir à l’écran ?
Ca, ca va. Enfin, officiellement, parce que c’est plus compliqué que je ne veux bien me l’avouer. J’ai l’habitude de me voir à la télé, dans les clips. Je n’ai pas ce côté: oh là là. Mais j’ai été plus fragilisé que prévu par le film.
C’est une vraie carrière qui commence ou..
Il y a quand même l’envie de s’y frotter. Je trouve ça génial d’avoir pu faire un film. Mais c’est possible aussi qu’on ne me propose plus rien. C’est quelque chose que j’assume. Il ne faut pas faire du cinéma pour faire du cinéma, parce que tu es un peu connu dans un domaine. Capitaliser sur sa célébrité pour faire du cinéma, ça ne sert à rien. Si ce film est mon seul et unique, j’assumerai.
7 sur 7 (Belgique) – Déborah Laurent