Bénabar est acteur, mais aussi et surtout auteur, compositeur et interprète. Ses chansons s’inscrivent dans le respect de la chanson populaire, souvent humoristique, ce qu’il revendique d’ailleurs. Il décrit bien souvent la vie quotidienne et on lui doit notamment : L’effet papillon, Maritie et Gilbert Carpentier, ou encore Le dîner. Aujourd’hui, il sort un nouvel album : On lâche pas l’affaire.
franceinfo : On lâche pas l’affaire est-il la suite de la conversation que vous aviez entamé avec le précédent album Indocile heureux ?
Bénabar : Exactement. J’aime bien cette idée de conversation. L’impression que c’est la continuité depuis mon premier album. Une conversation avec des gens qui veulent bien m’écouter. Alors, c’est une conversation où il n’y a que moi qui parle, ce n’est pas tellement équilibré, mais en tout cas, moi, je le vis vraiment comme ça. Pas forcément donner des nouvelles, mais reprendre ce fil-là.
Pour la première fois vous interprétez aussi les mots d’un autre, co-auteur sur cet album.
Oui, Pierre-Yves Lebert ! Quand on est auteur soi-même et qu’on prend les mots d’un autre, il y a quelque chose de vraiment très intime. Il faut donc vraiment se renifler pendant longtemps. Il faut se faire confiance. Il ne faut pas trahir l’auteur. Et en même temps, il ne faut pas avoir le sentiment de se déguiser non plus.
Le titre Monogame est une énorme déclaration d’amour aux femmes, notamment à celle qui partage votre vie.
C’est l’envie de rendre hommage au “couple” sur la longueur. On parle souvent des histoires d’amour, du coup de foudre, des premiers temps, de la passion, etc. Il y a aussi la longueur. Je ne sais pas ce que la vie me réserve à moi ou à ma femme, mais je n’ai jamais eu peur de la routine. C’est pour ça que dans mes chansons, je n’ai jamais eu peur du quotidien. On me l’a parfois reproché, mais je trouve qu’il y a de la poésie et de la grandeur dans tout cela.
Il y a beaucoup de poésie dans tout ce que vous avez toujours fait. Cette poésie vous accompagne-t-elle vraiment depuis vos premiers pas ?
Depuis toujours, j’ai un regard un peu singulier. C’est prétentieux de le dire comme ça, mais c’est assez personnel. Je me suis aperçu tardivement que c’était de la poésie, que j’aimais la poésie et que ce que je voulais c’est devenir un poète. Ça m’est arrivé un peu malgré moi. C’est comme le statut d’artiste, ce sont des choses que j’ai beaucoup tenu à l’écart par pudeur, par trouille, à cause de mon côté bravache. C’est sûrement de la protection, finalement. Je m’aperçois que je mets de la poésie, notamment, là où elle ne se trouve pas forcément, comme dans une rupture ou un début d’histoire d’amour.
“Je m’aperçois, avec le recul, que faire de la poésie, c’est tout ce que j’ai toujours cherché dans ce que j’ai écrit.”Bénabar
à franceinfo
Votre âme de poète se retrouve à la fin de cet album. Elle était déjà présente dans l’album précédent, mais là, c’est la version longue. On se rend compte aussi que vous êtes d’abord un acteur. Ce parcours, avant dans le cinéma, à jouer ou réaliser, vous a aidé ?
Oui. Le cinéma et le théâtre m’ont vraiment aidé. Je reconnais à quel point j’ai été privilégié de pouvoir m’éloigner aussi parfois de la chanson et puis aussi du milieu de la chanson, pour ne jamais être blasé. Je crois que ça me sert beaucoup. Je n’ai jamais eu besoin de prendre du recul grâce à ça, sûrement.
On entend le plaisir que vous avez aujourd’hui à chanter.
J’ai repris des cours de chant. Je chantais de plus en plus mal. Je me cassais de plus en plus la voix. J’ai repris à zéro avec les cours de chant de base et je continue d’ailleurs très assidûment. Et je crois que c’est la première fois que je fais un album de chanteur. Il m’a fallu dix albums, il n’est jamais trop tard !
Et puis, il y a un recul sur plein de choses. Notamment, votre collaboration extraordinaire sur la chanson Chez les Corses avec Renaud. L’histoire est incroyable, c’est quelqu’un qui va très mal, qui est dépressif et qui va voir une personne qui va encore plus mal que lui. C’est un beau clin d’œil à la vie, non ?
Oui. C’est vraiment une chanson de copains. En plus, c’est une histoire vraie parce que Chez les Corses est un restaurant qui existe dans le sud, à côté de Gordes, où je suis souvent. Et c’est Renaud qui m’a présenté les Corses, devenus des amis. Ce n’est pas un storytelling, comme on dit souvent dans nos boulots parfois artificiels, il faut le dire. Et puis en plus, la musique est de Thierry Geoffroy qui travaille avec Renaud.
“Je suis vraiment fier et je remercie encore Renaud d’avoir accepté de chanter avec moi la chanson ‘Chez les Corses’”.Bénabar
à franceinfo
Cet album, c’est vous aujourd’hui ?
Ça reprend ce que vous disiez sur la conversation. J’ai essayé de faire cela à chacun de mes albums, comme si je laissais un message sur le répondeur des gens.
Ça fait du bien de moins appréhender, de se faire confiance, d’avancer, de sourire, de se marrer ?
Oui, ça fera du bien le temps que ça prendra. Il y a des hauts et des bas, mais c’est vrai qu’il faut profiter, en tout cas de ces moments. Oui, il faut rigoler assez simplement, sourire et essayer d’avancer.